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4èmes de couverture et avis personnels de mes meilleurs lectures.

Une semaine de vacances - Christine Angot

Christine Angot a écrit ce court roman comme on prend une photo, sans respirer, sans prendre le temps de souffler. En cherchant la précision, en captant l'instant et le mouvement. Ce n'est pas à nous lecteurs de vouloir en connaître l'élément déclencheur, peu importe de le savoir. On s'aperçoit vite en le lisant que le texte possède en lui-même le pouvoir d'agir avec violence. Il suscite des sentiments dont l'angoisse ne peut être évacuée. Il provoque le saisissement par lequel on reconnaît un des pouvoirs de la littérature : donner aux mots toute leur puissance explicative et figurative, plutôt que de s'en servir pour recouvrir et voiler. C'est comme si l'écrivain levait ce voile, non pas pour nous faire peur, mais pour que l'on voie et comprenne.

 

On ne saura jamais qui elle est. On ne saura jamais qui il est. On ne connait rien de leur passé. On ne connait rien de leur futur. Que sait-on alors ? Un présent, une bride de présent entre homme pervers et sa victime qu'il pliera à toutes les horreurs que l'on suppose de la pédophilie, du viol. Avec des mots violents des situations violentes, et une expression d'une banalité découcertante, ce texte en un seul bloc présente l'horreur de la situation et y entraine le lecteur.

 

Quel choc que ce roman ! Un seul bloc, pas moyen de s'arrêter, pas moyen de reprendre sa respiration. L'auteure nous entraine par son style dans l'angoisse de la victime. On pleure, on a envie de hurler et pourtant, on sait que malgré cela toutes émotions sont encore fort loin d'un soupson de réalité.


On ne connait ni son âge ni qui elle est mais on souffre avec elle comme si on était elle. On suit cette enfant dans son épreuve et on voudrait comprendre, tout comme elle, elle voudrait comprendre.

Et on se pose des questions. D'où lui vient cette volonté de "faire plaisir" à cet homme ? Pourquoi semble-t-elle l'aimer finalement ?

 

Mille questions nous submergent et pourtant, nous n'aurons jamais la réponse.

Il n'y a pas d'histoire à proprement parler mais il ne s'agit pas non plus ni d'un document ni d'un récit de vie (quoiqu'il pourrait). Alors que dire ? Où classer ce texte ? Difficile à dire.

Je crois que ce court récit est tout simplement inclassable. Au coeur d'une actualité qui nous dépasse avec une situation si facilement passée sous silence lorsqu'elle se produit.

 

Je ne connaissais pas du tout la plume de Christine Angot et je dois reconnaitre que j'ai été soufflée par sa force d'écriture.

Je crois que je n'hésiterai pas à lire d'autres titres de l'auteure si jamais l'occasion se présente.

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